Restitution rédigée par Gwenaëlle Briand Decré – Licence CC BY 4.0
Le contenu de cet article est issu de la visioconférence co-organisée le jeudi 26 octobre 2023 par merveillogie.com et Pablo Bouzy, co-fondateur de l’entreprise The Trust Society
The Trust Society est une entreprise qui commercialise des produits d’hygiène et de cosmétique écologiques zéro plastique, 100% made in France.
Rencontre avec Pablo, co-fondateur de l’entreprise !
L’élément déclencheur de l’idée, « ça a été la découverte de Yuka ! Et puisqu’à l’époque il est très difficile de trouver le bon produit, pourquoi ne pas proposer une vitrine de ce qui est vraiment bon tout en démocratisant la consommation de produits écoresponsables. L’hypothèse de départ pour lancer l’entreprise est donc la suivante : concilier entrepreneuriat et impact faible ».
Le concept qui marche (ou pas) !
Mais se lancer en pensant impact et entreprise le rend vite sceptique. « C’est comme si on réfléchissait à une compagnie aérienne avec des avions qui ne volent pas ! ».
Alors la recherche de l’équilibre le mène rapidement, en tant que chargé de communication sur la plateforme Instagram et rédacteur de la newsletter, à la conclusion que « si on ne s’intéresse pas à l’égoïsme du consommateur, ça ne peut pas marcher ». Donc si on veut résoudre un problème social, environnemental, il faut se poser LA question : Est-ce qu’en réduisant l’impact sur la planète, le consommateur a une attente qui est assouvie ?
Typiquement, un consommateur à qui on présente un Iphone neuf et un d’occasion, va choisir le neuf, « je choisis le neuf ». Donc « il faut jouer sur la notion que j’appelle l’égoïsme altruiste du consommateur final ». Ainsi, un produit qui contient zéro plastique et pas de chimie, il marche que s’il est bon pour la santé du consommateur.
Le nombre de marques qui ferme au bout de 2 ou 3 ans est important, mais c’est parce qu’un concept ne peut pas exister à mon sens sans cette notion d’égoïsme altruiste.
L’égoïsme altruiste et l’aventure entrepreneuriale ?
Et cette notion elle est aussi importante pour une personne qui veut devenir entrepreneur. « Il est plus dur et quasi impossible de se lancer si on ne pense pas d’abord égoïstement à la manière dont on va vivre pendant les 18 premiers mois d’activité entrepreneuriale. Comment on va payer les factures ? » Il faut donc se concentrer sur son business plan pour anticiper les ressources financières nécessaires à la vie personnelle et celles nécessaires au développement de l’activité entrepreneuriale. « Il faut absolument vérifier que l’activité sera économiquement viable ! » Garder en tête que c’est « comme dans un avion, si la cabine est dépressurisée, vous devez mettre votre masque avant de glisser le masque sur le visage de votre voisin ».
Autre conseil lorsque l’on veut se lancer en tant qu’entrepreneur, « être au clair avec ses proches ». La vie c’est comme un tabouret à quatre pieds qui correspondent à la famille, la santé, le travail et l’amour. Enlever un pied, on reste assis, en enlever plus et ça commence à être compliqué.
Enfin, vos clients assouvissent égoïstement une envie, il faut que vous aussi en tant qu’entrepreneur vous vous posiez la question : « qu’est-ce que ça me rapporte ? ». « Personnellement, j’adore apprendre, chaque journée est un éternel recommencement. Tout comme un MBA est un diplôme ultime plutôt qu’un projet de vie, monter une boîte c’est apprendre un maximum de choses pour ne rien regretter si ça ne marche pas ! ».
Le but est d’essayer et d’apprendre. On entend beaucoup que « nous sommes la génération qui va changer les choses » sauf que ce n’est pas un problème qui peut être pris seulement à bras le corps par les jeunes ou les étudiants car « c’est un problème structurel qui est ancien ». « Et surtout il faut être conscient que faire de l’entrepreneuriat à impact, c’est beaucoup plus dur ». Il est important de ne pas se mettre la pression mais simplement faire les choses dans l’ordre.
Par exemple, s’intéresser à tout ce qui se passe avant que le consommateur rentre son numéro de CB pour acheter, mais aussi s’intéresser à comment faire pour qu’il revienne. La communication est un outil précieux mais il faut bien en maîtriser les préceptes : « les compétences de base ? savoir être vu, compris et désirable. Chez The Trust Society, on sait évidemment que personne ne lit les rapports du GIEC. Alors pour sensibiliser on pense d’abord au fond puis on rajoute la couche humoristique ».
Trouver des idées pour communiquer : se poser et s’imprégner
« Les meilleures idées, on les trouve quand on est en pause ou en vacances. Il faut avoir un petit carnet où on les note ». Et pour booster sa créativité ? « On arrête de passer 8 heures sur nos écrans ! La créativité, c’est trouver les bons mots et les bonnes photos/vidéos, et pour y arriver il faut arrêter « d’abrutir son cerveau avec des séries ». Il faut lire, laisser son cerveau fonctionner. La technique, ça s’apprend mais pour développer « sa créativité, il faut se libérer, lire beaucoup pour que notre cerveau s’imprègne ».
Un conseil pour un entrepreneur valeureux qui voudrait se lancer ?
« Les marques font souvent la même erreur, il ne faut pas parler que de l’impact ! J’ai un exemple d’une marque de ballons de foot durable, le produit répond aux mêmes exigences que les marques concurrentes. Pour moi, la marque doit communiquer aussi sur cet aspect plutôt que de mettre en avant sa dimension durable, parce qu’un joueur de foot, il veut un ballon qui soit cool pour jouer ! » Toujours cette notion d’égoïsme altruiste donc !