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Fusionnel : une marque textile éthique lancée par un (très) jeune entrepreneur: « Croire en son projet » & « prendre le temps de construire son projet »

Restitution de la conférence réalisée par Hugo Bouguen le 25 mars 2023 auprès d’un public d’étudiants en filière Marketing digital et entrepreneuriat.

« Prendre le temps de construire son projet » est l’un des conseils prodigués par Hugo, fondateur de la marque de textile éthique Fusionnel.

« J’ai lancé mon projet après avoir échangé avec une amie brésilienne ». Les deux amis constatent que les vêtements manquent de couleurs, que c’est un peu triste alors que les couleurs ouvrent pleins de possibilités et permettent d’être hyper créatifs. Hugo commence alors à réfléchir à un projet d’entreprise qu’il pourrait lancer en proposant une marque de textile dont l’identité serait fondée sur la couleur. Il s’est très tôt interrogé sur l’impact d’une telle création et sur les implications qui découlent de l’industrie textile : surconsommation, matières textiles de faible qualité qui ne permettent pas une utilisation dans la durée. Et puis surtout, il constate que certaines propositions qui s’autoproclament éthiques ou durables ne le sont pas totalement ou sur des éléments trop peu significatifs pour faire « LA » différence. C’est ainsi qu’il apprend qu’un produit estampillé « Made in France » n’est pas nécessairement totalement réalisé en France.

Son projet se précise après avoir visité le salon du « Made in France ». Il rencontre des interlocuteurs travaillant pour différentes marques, notent les conseils, les astuces et surtout les enjeux liés à la production textile. Il rencontre également un ancien designer d’une marque de sport très connue qui l’incite à poursuivre sa réflexion et à vraiment se lancer.

La première étape sur laquelle il met l’accent: c’est l’importance centrale de la marque dans son secteur d’activité et surtout le positionnement de celle-ci. Il s’attèle donc à la tâche pour trouver le nom de marque idéal qui reflète parfaitement le positionnement qu’il souhaite occuper dans l’esprit du consommateur. Il se rend rapidement compte que ce n’est pas si facile à valider car il faut s’assurer que la marque est disponible (c’est-à-dire qu’elle n’est pas déjà utilisée par une autre entreprise) dans la classe (1) qui l’intéresse à savoir la classe 25 « les vêtements » mais aussi une autre classe en anticipant d’ores et déjà une extension de gamme. Ce sera « fusionnel » qui remportera la palme, car son concept est basé sur la fusion de deux couleurs complémentaires. Toutefois, il met l’accent sur le fait que trouver le nom n’est pas une fin en soi. En effet, pour commencer à travailler sur les aspects visuels de sa marque (logo, éléments graphiques du site internet), il doit attendre en premier lieu la confirmation de disponibilité du nom de la marque de la part de l’INPI et le récépissé de dépôt, précieux sésame pour en revendiquer l’usage exclusif. Il conseille aussi d’être vigilant sur le remplissage du questionnaire en ligne lors de la demande de dépôt de marque. Une case peut avoir des implications non négligeables, il est donc nécessaire de prendre son temps et de demander conseils auprès d’entrepreneurs qui ont déjà déposés une marque ou de solliciter les services de l’INPI ou des conseils juridiques.

Le délai entre la réflexion autour du nom de marque et la confirmation de dépôt peut prendre plusieurs mois ce qui conditionne potentiellement le lancement d’une première collection. En attendant, il conseille de se concentrer sur le dépôt des statuts juridiques de l’entreprise (2) et éventuellement faire appel à son entourage pour aider à la réalisation des aspects opérationnels pour le lancement officiel de la marque, comme par exemple la démarche commerciale et la vente.

Ayant dû faire face à des difficultés inattendues, Hugo conseille de ne pas toujours se reposer sur un tiers pour la réalisation de certaines tâches et met l’accent sur la nécessité de maîtriser les compétences essentielles à la réalisation d’un projet entrepreneurial. Dans son cas, la maîtrise des outils numériques (conception de site internet, abonnement shopify pour les transactions) et la conception de visuels se sont avérés critiques pour l’atteinte de ses objectifs. Et de conclure de manière philosophique, « Finalement, c’est une excellente expérience parce que j’ai développé des compétences que je n’aurais pas forcément approfondies si je n’avais pas décidé de lancer mon projet. ». Et comme il a vécu quelques déconvenues, il met l’accent sur le fait qu’il est important de signer des contrats pour que les parties en présence dessinent les contours de leur engagement (par exemple, cession de droit à l’image pour des photos en collaboration avec des mannequins par exemple). « Ce n’est pas une garantie que tout se passera parfaitement, mais c’est toujours mieux que de ne pas y penser, car en cas de besoin, il est nécessaire de pouvoir prouver sa bonne foi ».

Et comme il souhaitait que son projet soit aligné avec ses valeurs, il a posé des prérequis sur lesquels il n’a pas voulu rogner, quitte à ce que sa marge soit moins importante. Ses choix se sont portés sur du coton bio labélisé Oeko Tex, une fabrication qualitative (réalisée au Portugal où les sous-traitants proposent des produits qualitatifs, difficiles à trouver par ailleurs, il l’a constaté après avoir testé plusieurs produits commandés auprès de plusieurs fournisseurs potentiels), un grammage élevé et une broderie réalisée en France, emballé dans un packaging 100% recyclable ne contenant pas de plastique.

Hugo ne vit pas de son activité entrepreneuriale, c’est un « side project », qui lui permet de découvrir tous les aspects du lancement d’entreprise et de la gestion quotidienne d’un tel projet. Il projette de poursuivre son aventure en proposant des collections annuelles mais en se fixant un objectif de cohérence globale aussi bien en termes de positionnement basé sur la couleur que d’engagement éthique, l’idée étant de limiter par exemple le nombre de kilomètres parcourus par chaque produit à l’image de la marque 1083 (qui a nommé sa marque sur la base du nombre de km parcourus par un de ses produits).

Et de conclure : « il faut se lancer et croire en son projet » !

Et maintenant à vous de faire votre part du colibri.

(1) La classification de Nîmes liste l’ensemble des classes dans lesquelles une marque peut être déposée. Cette classification permet donc de choisir une ou plusieurs classes ouvrant le droit à l’usage exclusif d’un nom pour un secteur d’activité ou un produit particulier. Il existe 45 classes parmi lesquelles il est possible de déposer un nom de marque.

(2) Le nom de l’entité juridique de l’entreprise peut être différent du nom de marque, ce qui permet d’avancer sur d’autres éléments administratifs en attendant la confirmation de dépôt de la marque.