90% du transport de marchandises au niveau international est effectué par le transport maritime. Si celui-ci représente, en 2018, 2.89% des émissions de CO², il pourrait représenter 17% en 2050 en raison d’un accroissement de 90% à 130% de ces émissions (1) dû au développement exponentiel des échanges.
De la nécessité de réduire les impacts du transport
L’urgence à réduire les émissions de carbone dans tous les secteurs requiert des solutions audacieuses à l’image de ce qu’a entrepris Grain de Sail, entreprise bretonne implantée à Morlaix. En misant sur le transport de marchandises longue distance décarboné (à hauteur de 95%), l’entreprise s’est interrogée sur la possibilité de développer du transport commercial international à la voile. Mais est-ce opérationnel et rentable ?
Faire la preuve du concept de marine marchande à voile
A partir de 2020, l’entreprise se lance dans la mise en place de leur POC (preuve du concept) en mettant à l’eau leur premier voilier normé marine marchande d’une longueur d’environ 24 mètres. Après plusieurs transatlantiques, en exportant d’une part des produits d’origine française (vin) et en important, d’autre part, du café et du cacao (denrées déjà pré-transformées localement, octroyant ainsi une part accrue de la valeur ajoutée à leurs fournisseurs) vers la France, l’entreprise a prouvé le potentiel de ce type de transport pour des produits à forte valeur ajoutée que l’on ne peut produire en France.
L’aventure continue avec le baptême de Grain de Sail 2 qui a eu lieu le jeudi 11 janvier 2024 à Saint-Malo, et force est de constater que les dimensions atypiques de ce voilier cargo de 52 mètres de long pour un mât principal de 47 mètres et 350 tonnes de capacité d’emports forcent l’admiration. Mais il laisse aussi entrevoir la démultiplication des opportunités de transport international au long cours.
Des entrepreneurs valeureux et audacieux
Au-delà des voiliers cargo de Grain de Sail, le profil des fondateurs et des associés de l’entreprise intriguent. Car Olivier et Jacques Barreau incarnent réellement une nouvelle génération d’entrepreneurs capables de s’entourer des bons profils (2) pour concrétiser des projets courageux, inclusifs et basés sur le partage de la valeur mais aussi des pratiques. Des entrepreneurs valeureux qui au-delà de faire du commerce sont dans une recherche continue d’amélioration des pratiques pour limiter les impacts de l’activité commerciale sur les 9 limites planétaires et les émissions de carbone. Une vision qui cherche aussi à initier un mouvement vers un entrepreneuriat plus durable et soutenable.
Une audace non empreinte de greenwashing
Pour preuve, le jour du baptême de Grain de Sail 2, les pratiques de l’entreprise sont mises en perspectives avec des faits et des chiffres notamment au travers de tables rondes sur des thématiques étudiées par des scientifiques mais aussi des responsables d’association. Sont ainsi évoquées la santé de l’océan (avec la présentation de recherches sur les interactions entre transport maritime et migration des cétacés par exemple mais aussi la problématique de dépendance de 800 millions de personnes aux récifs coralliens) ou encore les perspectives de croissance de la filière vélique en rappelant la problématique posée au niveau Européen : Le vent peut-il être considéré en tant que carburant ? La région Bretagne ayant misée notamment sa transition sur son vent, les initiatives entrepreneuriales en ce sens veillerons assurément à ce que nous gardions le vent en poupe !
Article rédigé par Gwenaëlle Briand Decré, Licence CC BY 4.0
(1) Association Wind ship, Une navigation propre et décarbonée grâce à la propulsion par le vent, https://www.wind-ship.fr/
(2) Royer I. et Briand Decré G. (2008) Champions pour le meilleur et pour le pire: propositions de résolution du paradoxe entre les littératures sur le champion et sur l’escalade de l’engagement, 17ème Conférence Internationale de Management Stratégique de l’Association Internationale de Management Stratégique (AIMS), Nice-Sophia Antipolis, France, 28-31 mai