Dans certains cas lancer une innovation technologique n’est pas un prérequis pour lancer un projet soutenable. C’est même une manière de se « challenger », de se lancer un défi permettant de penser en dehors de la boîte.
L’innovation est-elle la seule voie pour développer un projet entrepreneurial soutenable?
Conditionner le lancement d’un projet entrepreneurial soutenable au développement d’une innovation issue des sciences dures ou dites « scientifiques »(1) permettant de réduire hypothétiquement son impact est une approche réductionniste. Pour rappel, l’article « L’entrepreneur valeureux peut-il innover ? » définit l’innovation dans toutes ses dimensions.
Explorer les pistes alternatives à l’innovation produit ou de procédé
Interrogeons-nous! Quelles sont les pistes à votre disposition ? Quels concepts peuvent être source d’inspiration ? Comment peut-on les mobiliser dans le cadre d’un projet entrepreneurial soutenable ?
Le minimal viable product: une piste inspirante
Ce concept issu du design thinking consiste à réduire la quantité d’énergie, de matière, de temps homme, de temps, d’investissement financier nécessaire pour le développement d’une offre susceptible de répondre aux attentes de celui qui en aura l’usage. Ainsi, toujours repousser un projet entrepreneurial parce que l’on considère que l’offre n’est pas suffisamment « innovante » ou aboutie n’est pas forcément une bonne approche tant il existe des exemples d’offres « surdimensionnées » par rapport à l’usage qui en est fait.
L’utilisateur a-t-il des attentes surdimensionnées ou sont-elles purement créées par une surenchère de fonctionnalités?
Qui a déjà utilisé 100% des fonctionnalités d’un logiciel de traitement de texte ? En général, 99,99% des utilisateurs vont utiliser entre 10 et 20% maximum des possibilités offertes par les logiciels, pour deux raisons :
(1) Les autres fonctionnalités n’ont aucune utilité
(2) Le temps de formation et d’utilisation d’une fonctionnalité plus avancée est en réalité considérée comme une perte par l’utilisateur, car celui-ci évalue le rapport entre les efforts déployés et les bénéfices reçus. Il cherche toujours le choix qui lui demande le moins d’efforts et le moins de temps pour réaliser une action (3).
Sur la base de ces éléments, pourquoi ne pas envisager le déploiement d’un logiciel de traitement de texte regroupant les fonctionnalités les plus utilisées alors que cela confère potentiellement trois avantages :
(1) une réduction de la phase de R&D (donc temps et argent économisé lors de la phase de prélancement),
(2) la réduction des ressources nécessaires au fonctionnement du logiciel (moins d’énergie consommée au démarrage, moins de fracture digitale pour les usagers ne disposant pas des terminaux dernier cri, donc moins de production de terminaux, donc moins d’extraction de minerais, etc. etc., bref vous avez compris la logique)
(3) la possibilité de lancer rapidement une offre en version minimal viable product, tout en envisageant le développement de modules complémentaires réellement utiles (sources de revenus additionnels pour l’entreprise) pour répondre à des segments de clients dont les attentes sont différentes, tels que des utilisateurs experts par exemple.
En conclusion
Si dans le jargon, le concept de minimal viable product est aussi appelée « version dégradée de l’offre finale » pour permettre le pré-test d’une idée, pourquoi ne pas envisager cette piste comme une approche permettant d’aboutir à une offre soutenable ?
(1) Au sens “sciences dures” en comparaison des sciences dites « molles ». Par définition les sciences dures portent sur l’étude de phénomènes naturels tandis que les sciences molles portent sur l’étude de phénomènes humains. https://www.senat.fr/rap/r15-742/r15-742.html
(2) Michael Lewrick, Patrick Link et Larry Leifer (2021), Le kit du design thinking, Editions Pearson
(3) James Clear (2019), Un rien peut tout changer, Editions Larousse
Article rédigé par Gwenaëlle Briand Decré – Licence CC BY 4.0